dilution
pas
dormi
du tout
car j’ai pensé
si je dois t’effacer
je te ferai fondre
dans la gouache
bleu ardoise
mélangée à l’eau très claire
d’une rosée cueillie
au matin
tôt
sur la menthe poivrée
du jardin
ensommeillé encore
si je dois t’effacer
je te ferai fondre
dans la gouache
gris acier
diluée dans l’eau glacée
de la marée haute
de l’hiver
le plus sombre du monde
si je dois t’effacer
je te ferai fondre
dans la gouache
de ténèbres redoutables
que j’explorerai à tâtons
avant d’y perdre pied
avant de m’y noyer
si je dois t’effacer
je te ferai fondre dans la gouache
rouge
ombrée d’une larme
d’encre de Chine
sang vif qui pulse dans mes veines
quand monte
ta soif
de moi
si je dois t’effacer
je te ferai fondre
dans la gouache ocre
mêlée au sable cinglant
d’une tempête brûlante
qui fait perdre les sens
et fuir la raison
si je dois t’effacer
je te ferai fondre
dans le fatras des mots
d’un sibyllin poème
né au creux de ma bouche
une nuit où je n’ai
pas
dormi
du tout