envolée  [conte poétique -III-]

la fille-enfant

-elle s’est donné un jour le nom de ForteVive

et c’est ainsi qu’aujourd’hui chacun l’appelle-

s’est levée à l’heure où l’aube est encore gris-foncé

 

pieds nus foulant sans crainte le terreau

regard furtif narines frémissantes

elle s’approche de l’arbre

mesure au jugé la distance du sol à la cime

et commence l’ascension

 

ForteVive est féline

 

tâtonnant à peine elle grimpe

la paume de ses mains la plante de ses pieds

trouvent d’instinct les appuis

-fourches branches nœuds anfractuosités–

éprouvent leur solidité

les bras les cuisses enlacent le tronc

le ventre s’y accole

en de brèves étreintes

 

là-haut sur une branche ForteVive s’assoit

immobile contemple le ciel plus clair maintenant

 

le temps d’un battement de cil

ForteVive est oiselle

Fortevive s’envole -euphorique vertige-

avale de larges goulées de nuages

dévore le jour naissant

plane

les yeux clos

descend en piqué pour frôler les blés

reprend de l’altitude

fendant l’oxygène de ses ailes puissantes

 

le soleil s’est levé

ForteVive se glisse dans le lit chaud encore

de son sommeil d’enfant

dans ses cheveux sur son corps perle l’humidité des nuées

elle s’endort comme saisie d’un charme

 

forteVive rêve laissant couler le temps

 

 

 

tableau : Érable d’automne – Marie-Thérèse Lepage

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