huîtres          [II]

4-

dans les replis gris nuit kaki

ourlés d’une mouvante frange noire

– laisse de mer- 

parfois

un point subtil ou une nappe de crème

vient

enrichir ou grassement corrompre

l’iode

 

5

paume d’écailler

profondément entaillée

la lame trapue

trop vive

a ripé

sur l’huître

s’est heurtée à

son non buté

refus d’être éventrée

éviscérée                        livrée

aux dents insouciantes des convives

 

juron émoi soudain

le sang palpite                            on panique

torchon compresse

on assoit l’écailler aux joues gris nacre 

reflux acre-(a)mer souvenir du vin blanc glissant

juste avant

joyeux dans le gosier

 

un colosse vaincu                    

par une huître têtue

                                                                         

6

ouverte (détachée)

elle se laisse détacher

se laisse mâcher

offerte

sans résistance

ni molle ni passive pourtant

le muscle est là                                         

tendre et souple 

              

et l’air de rien durablement

elle colonise inonde d’iode

 

j’ai la tête rincée la tête salée

d’embruns de crachin de vagues

 

dimanche cœur léger

Partager ce post