interstice

au bord de la rue de la vieille ville

par l’interstice d’une porte fendue

les yeux plissés scrutent

le jardin abandonné

 

enchevêtrement de ronces et d’herbes

parterres de broussaille

fruits trop mûrs gisant

au pied d’un prunier tordu

 

dans les allées de larges feuilles de courges s’étalent

 

le regard s’attarde aussi sur

les papillons orange et bruns affairés dans les buissons de menthe

le lilas aux fleurs desséchées

un seau empli de vrombissements et d’eau croupie

 

tout au fond

une bâtisse sourde et aveugle

se dresse

des lierres épais

maintiennent solidement clos les volets les portes

 

de ceux de celles qui ici ont vécu

que reste-t-il

dans quelles mémoires sont enfouis

leurs rires leurs larmes

 

et leurs lassitudes

 

on s’étonne de constater comme

s’estompe

s’efface

s’amenuise

s’érode

le souvenir de ce qui a existé

 

l’herbe foulée se redresse

la trace des morsures et celle du baiser s’effacent

 

l’empreinte des corps dans le lit

est une vague réminiscence

 

et dans la terre les cendres se sont fondues

 

on fredonne sans y penser

Que reste-t-il de nos grands soirs

quand s’en vient le petit matin ?*

 

                                                             *Grands soirs, Alex Beaupain

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