causeries
pourquoi tous ces mots
pour raconter la part torrent
qui dévale
bouillonne bouscule
dans un corps-à-cœur perdu
d’avance
pour partager la part lumière l’embellie l’échappée belle
l’enchantement
faire rayonner la part sage et sereine
celle des deux pieds bien plantés
du corps souriant accueillant
l’onde et l’ondée la caresse et le soleil
pourquoi tant de phrases encore
pour visiter le désert – explorateurs exploratrices nous sommes –
interroger la part sombre le fond du puits à l’œil noir
pour entrevoir la part cassée et ses débris éparpillés
laisser couler les larmes ravalées
et dévoiler nos parts fragiles bien cachées sous le silence armé
pour que surgisse
la part sauvage
le désir
nu
la faim brusque
et insatiable
regarder d’un peu plus près
la part de chair et d’os et de viscères
la pulsation sourde du sang
le corps qui glisse sur la vague
le cœur reclus qui renâcle
réclame jusqu’à plus soif
et [s’]abandonne
pourquoi te parler
pour démêler les fils embrouillés
de nos âmes multiples
complexes
puis légèrement tisser
ne serait-ce qu’un instant
nos inadéquations