causeries

pourquoi tous ces mots

 

pour raconter la part torrent

qui dévale

bouillonne bouscule

dans un corps-à-cœur perdu

d’avance

 

pour partager la part lumière l’embellie l’échappée belle

l’enchantement

faire rayonner la part sage et sereine

celle des deux pieds bien plantés

du corps souriant accueillant

l’onde et l’ondée la caresse et le soleil

 

pourquoi tant de phrases encore

 

pour visiter le désert – explorateurs exploratrices nous sommes –

interroger la part sombre le fond du puits à l’œil noir

pour entrevoir la part cassée et ses débris éparpillés

laisser couler les larmes ravalées

et dévoiler nos parts fragiles bien cachées sous le silence armé

 

pour que surgisse

la part sauvage

le désir

nu

la faim brusque

et insatiable

 

regarder d’un peu plus près

la part de chair et d’os et de viscères

la pulsation sourde du sang

le corps qui glisse sur la vague

le cœur reclus qui renâcle

réclame jusqu’à plus soif

et [s’]abandonne

 

pourquoi te parler

 

pour démêler les fils embrouillés

de nos âmes multiples

complexes

puis légèrement tisser

ne serait-ce qu’un instant

nos inadéquations

 

 

Camille Claudel, Les Causeuses ou Les Bavardes ou La Confidence

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