le cerf

tu te demandes

pourquoi dans l’entre chiens et loups de ce jour vacancier

alors que les autos ne roulent pas si vite

le cerf

qui aurait

résisté à l’hiver

ruminant çà et là des herbes faméliques

esquivé la meute aux aboiements aigus

souffle retenu sur le haut d’un talus

exhalé sa brume cœur battant

dans le bois qui s’éveille sous le soleil pâle

bramé son mâle désir à l’heure des feuilles renaissantes

  de la neige fondante

gît

de toute sa longueur

sur la route bordée de neige

 

encastré sous l’avant de la voiture

 

absent à

l’affairement des téléphones affolés

l’éblouissant appel des phares

la glace de la chaussée qui déjà fige son sang

sourd au murmure prosaïque des oraisons funèbres

– il n’a pas eu de bol

qu’est-ce qu’il foutait là –

 

tu te demandes

 

ce qui sera fait de son corps

massif

de sa tête armée d’immenses bois

– tu n’en as jamais vu de semblables –

 

Photo Thomas Bille

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