se la couler dans l’eau douce

la brasse

a choisi le tempo d’une phrase ancienne

où des rameurs perdus brûlent et s’étouffent dans

le moite végétal

 

Nous               remontions               l’Orénoque                sans parler

 

la rivière est profonde

sans vague ni remous

les ondes larges s’étalent

le corps se [la]coule dans l’eau douce

teste une apesanteur nouvelle

 

l’horizontale flottaison s’oblique et glisse

vers les profonds noirs  de la terre souple

 

sur une infinie ligne partir au large n’a pas de sens

l’horizon – sa notion même- n’existe pas

et l’on peut explorer

un possible nager loin nager sans fin

reprendre le cours de sa solitude aquatique

 

des branchages tordus

noueux frôlent l’épaule

une dégouttante feuille à peine effleurée se délite

 

d’une rive à l’autre l’enchevêtrement serré

fait naître la vague intuition

d’invisibles bêtes hybrides

terrées

la gorge se noue

 

sur la route ondoyante

cependant

une scansion vierge et sereine survient

 

la langue qui sommeillait reprend un peu son cours

 

Nous remontions l’Orénoque sans parler, solitude aquatique, route ondoyante sont empruntés à la source retrouvée : Moravagine ; Blaise Cendrars

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