cartographie
pour qui se perd partout
le cerveau aveugle
la bouche cousue
les pas amnésiques
les soupirs enclos dans la gorge
ici
une géographie serait possible
sans boussole ni sextant
ni itinéraire satellisé
sous la peau chaque lieu déposerait son empreinte
insensiblement
moins qu’un tracé
une esquisse d’idéogramme dans l’air
toponymie connue sans être apprise
mot à mot égrenée
balises invisibles reliées par
une ligne invisible
sur laquelle pas à pas s’avancer
ainsi
la piscine eau enserrée cernée assaillie
ou de lames ou de plongeons
casino dimanche thé triste danses âgées
grève noire au sable collant
villas (dans l’une Odorico caché)
le camping attend silencieuxx
grève encore
une table de granit sur laquelle se pencher pour vérifier ce que l’on sait
prés verts c’est l’Irlande
Salers acajous d’Auvergne de loin des bisons d’Amérique
croix
dissimulées parfois
un port singulier
aucun navire amarré
plage à l’escalier escarpé (un jour une chute brutale y arrache des larmes un vertige)
plage-galets où les pieds s’agacent de se tordre
falaise
failles abruptes du sentier où l’on a chaud toujours
pins marins réminiscence
d’un autre jour d’une autre mer d’un pays ou basque ou sarde
blockhaus car hier c’était la fin du monde
aujourd’hui on y embrasse du Cap à l’île
ivre tête libre
ici
une géographie serait possible
qui bruisserait de nos souvenirs murmurés
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